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La blockchain sera-t-elle utilisée par les gouvernements pour définir des programmes ESG ?
Le terme ESG n’est pas nouveau pour la plupart des gens. Il renvoie à un ensemble de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance visant à établir des politiques ou des normes d’investissement. L’émergence des programmes ESG date du début des années 2000, en vue de créer un cadre de lutte contre le changement climatique.
La majorité des gens seraient d’accord pour dire que la création d’un ensemble de politiques et de normes d’investissement visant à améliorer la stabilité environnementale, de meilleurs critères sociaux et un partage plus équitable des ressources au sein des organisations est, en théorie, positive. Toutefois, il se trouve que la montée en puissance des programmes ESG a plutôt créé plusieurs problèmes.
La création du Bitcoin en 2009 a permis au monde de découvrir la nouvelle technologie disruptive des blockchains. Il n’a pas fallu longtemps pour que les gens commencent à en exploiter leur potentiel. Le lancement de la blockchain Ethereum en 2015 a introduit les contrats intelligents et la possibilité de transférer des codes et des conditions entre les transactions. Lorsque les gouvernements ont cerné le potentiel de la technologie blockchain, ils ont compris qu’ils pouvaient l’exploiter au service de leurs propres objectifs en créant des MNBC. Les MNBC, en partie, pourraient être utilisées pour promouvoir les programmes ESG.
Que sont les MNBC ?
MNBC est l’acronyme de Monnaie numérique de banque centrale. Il s’agit de jetons numériques émis par la banque centrale d’un pays et dont la valeur est liée à celle de sa monnaie fiduciaire.
Elles exploitent efficacement la puissance de la technologie blockchain pour émettre de la monnaie programmable. En outre, elles permettent aux banques centrales d’avoir le contrôle sur la quantité de monnaie en circulation, mais aussi la capacité d’appliquer des conditions sur la MNBC émise grâce à l’utilisation de contrats intelligents.
Les défis de la mise en œuvre des programmes ESG
Il n’existe actuellement aucune ligne directrice concernant la mise en œuvre des critères ESG. Les entreprises se retrouvent donc dans un état d’incertitude alors qu’elles tentent de se conformer à de multiples normes. Par ailleurs, cette situation a valu à des entreprises comme Tesla le retrait de leurs indices ESG, bien que Tesla soit favorable aux critères ESG et de surcroît l’un des plus grands producteurs de véhicules électriques au monde.
Un problème plus important concernant les programmes ESG peut être observé actuellement sur les marchés de l’énergie. La réduction de la dépendance à l’égard des combustibles fossiles comme moyen de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour aider à lutter contre le changement climatique est certes admirable. Toutefois l’agressivité qu’implique le respect de ces normes ESG a plongé la plupart des pays dans une crise énergétique.
La crise énergétique à laquelle nous assistons au Royaume-Uni et en Europe est exacerbée par la dépendance au pétrole russe, dans une période de refroidissement des relations. Les factures énergétiques britanniques devraient augmenter de 80 % en octobre. Dans un même temps, l’Europe cherche à réduire sa demande de 10 % jusqu’au 31 mars 2023, ce qui pourrait entraîner une réduction de la disponibilité aux heures de pointe. Il suffit de couper l’approvisionnement de ses citoyens ou de les dédommager financièrement pour qu’ils le fassent volontairement.
Les ESG ne se limitent pas seulement à la fourniture directe d’énergie. Les pays qui suivent des programmes ESG trop astreignants peuvent se voir confronter à des niveaux croissants de troubles sociaux et de protestations de masse.
Par exemple, en juillet 2022, le gouvernement néerlandais a commencé à appeler à une transition inévitable vers une agriculture circulaire d’ici 2030. Pour atteindre ces objectifs, l’agriculture néerlandaise devrait réduire ses émissions de 50 %, avec une réduction de 30 % des émissions provenant des engrais d’ici 2030. Cette évolution aurait un impact immédiat sur le secteur et obligerait de nombreuses personnes à vendre leur bétail pour atteindre ces objectifs ESG.
Comment les MNBC pourraient-elles influencer les programmes ESG ?
Les MNBC peuvent avoir des effets bénéfiques sur les programmes ESG. Elles pourraient contribuer à résoudre le problème des directives confuses applicables aux entreprises en établissant des orientations claires dans les contrats intelligents émis par un gouvernement. Ces contrats intelligents seraient binaires, de sorte que les entreprises seraient soit en conformité, soit en non conformité, avec à la clé, respectivement, des avantages ou des pénalités.
Il existe toutefois une vision plus dystopique de la manière dont la combinaison de l’ESG et des MNBC pourrait interagir avec le citoyen lambda. La perception des impôts et la distribution des prestations par le gouvernement central pourraient devenir beaucoup plus efficaces grâce aux MNBC. Peu de gens seraient favorables à l’idée que le gouvernement ait un accès permanent à l’intégralité de leur historique financier personnel. De plus, l’utilisation des MNBC permettrait aux gouvernements de créer des conditions propices pour votre argent. Il pourrait s’agir de dates d’expiration pondérant vos dépenses ou le moment où vous les faites.
Il va donc de soi qu’un gouvernement poursuivant un programme ESG agressif n’hésiterait pas à restreindre la capacité des citoyens à acheter de l’énergie. Cette restriction pourrait prendre la forme d’une limitation des achats d’essence à la pompe ou de pétrole à des fins de chauffage des foyers. Nous voyons déjà l’UE expérimenter la limitation de l’approvisionnement en énergie pendant les périodes de pointe. En outre, la mise en œuvre des MNBC pourrait donner aux gouvernements un contrôle absolu sur les marchés de l’énergie en empêchant les citoyens d’accéder directement aux marchés secondaires avec leur propre argent.
Conclusion : L’ESG, oui, mais à quel prix ?
Heureusement, la plupart des économies occidentales suivant des programmes ESG sont gouvernées par des pouvoirs élus démocratiquement. Ainsi, si les citoyens de ces pays commencent à trop ressentir les effets négatifs d’un programme ESG, ils peuvent élire un nouveau gouvernement. Par ailleurs, si les effets négatifs, tels que la montée en flèche de l’inflation ou une crise énergétique, deviennent trop importants, les individus peuvent, en réponse, manifester en masse. C’est cette situation qui a conduit les agriculteurs néerlandais à protester contre leurs dirigeants au début de l’été.
Les démocraties occidentales ne sont pas les seules à subir les tensions du programme ESG. Par exemple, le Sri Lanka était considéré comme une figure de proue en matière d’ESG, recevant une note de 98/100 de WorldEconomics.com, et était considéré comme un nouveau modèle à suivre pour les pays appliquant un programme ESG. Cependant, ces mêmes politiques ont en partie conduit à une pénurie d’énergie et à une mauvaise production agricole due à une réduction des engrais modernes. Il s’en est suivi une crise alimentaire et énergétique, puis l’effondrement du gouvernement sri-lankais.
Les particuliers ont également la possibilité de ne pas adhérer aux MNBC en ayant recours au Bitcoin. Une monnaie décentralisée, de pair à pair, contrôlée par aucune personne. En agissant ainsi, les individus pourraient acquérir une souveraineté financière. Tant que quelqu’un est prêt à accepter le Bitcoin comme moyen de paiement de l’énergie, elle est moins exposée au contrôle absolu du gouvernement. Ceci pourrait favoriser davantage de concurrence sur les marchés secondaires de la production et de la distribution d’énergie, ce qui entraînerait une baisse générale des prix.