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Le métavers est un désastre pour Facebook, mais c’est une tout autre histoire pour la crypto-monnaie
Facebook perd de l’argent et de la valeur. Pour quelle raison ? Le métavers, depuis que Facebook a changé sa dénomination sociale en Meta en octobre 2021, représente son objectif stratégique à long terme. Le problème est que si le métavers a apparemment retenu l’attention du PDG Mark Zuckerberg, il n’a fait que coûter, jusqu’à présent, des sommes considérables à la société de réseau social.
De début 2019 à septembre 2022, Meta a investi 36 milliards de dollars dans Reality Labs, sa division métavers et RV. Pourtant, sur la même période, Reality Labs a enregistré une perte d’exploitation de 30,7 milliards de dollars, tandis que le cours de l’action de Meta a chuté de 378,69 en septembre 2021 au plus bas à 90,79 en fin octobre, soit une baisse de 76 %. Cette chute a effectivement réduit de 700 milliards de dollars la valeur de Meta, avec l’annonce en novembre de la suppression de 11 000 emplois (soit 13 % de ses effectifs mondiaux).
Pourtant, malgré de telles pertes, Meta persiste dans son pari sur le métavers, même face à un scepticisme persistant. Et bien que cet investissement n’ait pas apporté un succès tangible à Meta, il a sans doute aidé le secteur des crypto-monnaies et de la blockchain, le soutien de Zuckerberg au métavers ayant contribué à accroître la visibilité et l’adoption des versions décentralisées du métavers.
Le pari du métavers de Facebook un an plus tard : des promesses, mais pas de résultat
Lorsque Meta a publié son rapport sur les résultats du troisième trimestre fin octobre, un analyste de Wall Street les a qualifié cela de « désastre », tant les dégâts financiers décrits étaient importants. En effet, Meta a fait état d’une baisse de 52 % de son revenu net entre le T3 2022 et le T3 2021, ainsi que d’une augmentation de 19 % de ses coûts et dépenses.
De multiples raisons expliquent le déclin de Meta tout au long de l’année, notamment les mêmes pressions macroéconomiques que celles qui ont affecté le marché des crypto-monnaies, mais aussi favorisé la concurrence croissante de nouveaux rivaux tels que Tik Tok et Snapchat. Cependant, la cause la plus flagrante est sûrement l’investissement continu de la société dans le métavers, qui n’a encore rien produit d’autre que des pertes.
Sa division métavers, Reality Labs, a perdu 9,4 milliards de dollars pour la seule année 2022, et Meta s’attend à ce que ces pertes augmentent en 2023. Dans un communiqué publié en octobre, Meta a déclaré : « nous prévoyons que les pertes d’exploitation de Reality Labs en 2023 augmenteront considérablement d’une année sur l’autre ».
Source : Twitter
À partir de ces seules informations financières, l’on peut déduire sans trop se tromper que Meta a produit très peu, en termes de produits viables liés aux métavers, que les individus ou les entreprises veulent réellement utiliser. Pourtant, il faut reconnaître qu’elle a développé de nouveaux casques de RV pour le métavers ainsi que divers services, notamment un service Meta Quest for Business dévoilé en octobre dernier.
L’idée derrière ce concept particulier est un espace de collaboration virtuel des entreprises et de leurs employés, un peu comme un Microsoft Teams doté d’espaces de bureau virtuels. En fait, Meta s’est même associé à Microsoft pour ce produit (qui n’est pas encore disponible), ce qui signifie qu’il offrira une expérience de RV pour Teams, grâce à laquelle les employés pourront communiquer et même accéder aux applications Microsoft par le biais du casque de RV Meta Quest Pro.
Meta a également conclu un partenariat avec la société de services professionnels Accenture, qui teste les offres de RV de la société de réseaux sociaux et travaillera aux côtés de Meta et de Microsoft pour encourager d’autres entreprises à se plongre dans le métavers. Cependant, bien que Meta commence à proposer de véritables produits de RV que les entreprises pourraient utiliser pour les conférences et le travail virtuels, les observateurs estiment que ceux-ci demeurent assez primitifs à l’heure actuelle, dans la mesure où ils n’offrent aucune amélioration concrète par rapport aux outils de télétravail et de téléconférence déjà existants.
Un tweet de Paul Nightingale, doyen associé à la recherche de l’école de commerce de l’université du Sussex, à propos du bureau Meta d’Accenture Source : Twitter
En ce qui concerne les consommateurs particuliers, Meta a en fait sorti des casques de RV depuis qu’elle a acquis Oculus en 2014. L’entreprise a ainsi notamment lancé l’Oculus Quest 2 (désormais connu sous le nom de Meta Quest 2) en octobre 2020, mettant ainsi à la disposition du grand public une gamme de jeux basés sur la RV, ainsi qu’une variété d’applications sociales.
Cependant, les chiffres de vente du Meta Quest 2 ne sont pas clairs. En effet, les données fiables sur les ventes ne sont disponibles que jusqu’en novembre 2021 et montrent qu’environ 10 millions d’unités du casque ont été vendues jusque-là. Comparés aux deux milliards d’utilisateurs de Facebook, cela ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan. Par ailleurs, les ventes de casques de RV en général ont diminué dans le monde entier en 2022, indiquant un ralentissement net récemment.
Meta a révélé que sa boutique Meta Quest (sur laquelle les utilisateurs peuvent acheter des applications pour le casque de RV) a atteint 1,5 milliard de dollars de recettes totales à ce jour, ce qui signifie que Meta tire au moins quelque chose de la réalité virtuelle. Mais là encore, 1,5 milliard de dollars, ce n’est pas grand-chose pour une si grande entreprise, et il est tout à fait possible d’affirmer que ces recettes ne représentent qu’un intérêt pour le divertissement en RV plutôt que pour le métavers, un concept beaucoup plus ambitieux et global dans lequel les gens « vivent » et « travaillent » effectivement en RV.
La crypto-monnaie se greffe sur les efforts de Meta
Pourtant, il ne fait aucun doute que Meta poursuit son pari sur le métavers, pour le meilleur et pour le pire. L’entreprise a prévu de nouveaux produits, notamment Meta Horizon Worlds (qui permettra aux utilisateurs de téléphoner à leurs amis jouant en RV), ainsi qu’un nouveau casque destiné au grand public, prévu pour cette année. Et s’il est difficile d’affirmer qu’elle profitera un jour réellement de son propre pari sur le métavers, il ne fait aucun doute que ce dernier a profité à la crypto de diverses manières.
Lorsque l’entreprise a annoncé son changement de nom en Meta, elle a provoqué un grand ralliement des crypto-monnaies des plateformes liées aux métavers, telles que Decentraland, the Sandbox et Axie Infinity (entre autres). Bien entendu, ce mouvement s’est atténué sous l’influence du marché baissier de 2022, mais le fait est que ces plateformes ont beaucoup plus de visibilité et de pouvoir d’attraction qu’avant le pari de Facebook sur le métavers.
Par exemple, the Sandbox a célébré des partenariats avec un large éventail de grands noms suite au changement de Facebook. Des entreprises comme Warner Music Group, HSBC et Forbes ont ainsi établi une présence dans son monde virtuel. Il en va de même pour Decentraland, qui a également noué des liens avec Netflix, Samsung, La Liga, Hershey’s et Skechers.
Le fait est qu’en faisant du métavers son objectif à long terme, Facebook/Meta a incité un très, très grand nombre d’autres entreprises et marques à explorer les possibilités d’exploitation de ce nouveau domaine. Comme illustré ci-dessus, ils ont donc tendu la main aux plateformes de métavers existantes, augmentant ainsi la taille et la portée de ces dernières.
De nombreuses entreprises ont également cherché à exploiter le domaine du métavers, en plein essor, et du Web3 à leur manière. L’exemple le plus notable est probablement celui du secteur de la mode, qui a vu presque toutes les grandes maisons et marques de mode se lancer dans les jetons non fongibles et au-delà au cours des 12 derniers mois environ. On compte parmi elles des noms tels que Nike, Balenciaga, Jimmy Choo, Dolce & Gabbana, Gucci, Louis, Nike, Adidas, Prada, Balenciaga, Tommy Hilfiger et Ralph Lauren, dont beaucoup ont utilisé des plateformes existantes pour exploiter les NFT et d’autres éléments du métavers.
Source : Dune Analytics
L’Ethereum a probablement été le plus grand bénéficiaire de cet afflux, étant donné qu’il héberge la grande majorité des NFT de la crypto-monnaie. Un tableau de bord de Dune Analytics montre en fait que les NFT de marque, hébergés sur Ethereum, ont généré des centaines de millions de dollars de revenus pour leurs entreprises propriétaires respectives. Autant dire qu’il ne s’agit pas là d’une mince affaire.
Il est tout à fait possible d’affirmer que de tels volumes n’auraient jamais été atteints sans Facebook, qui, en devenant Meta, a fait du métavers un champ de bataille pour les entreprises désireuses de dominer l’avenir. Et quelles que soient les entreprises qui finiront par dominer le métavers, il est d’ores et déjà clair que les crypto-monnaies seront les principales gagnantes.