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La vitesse de la blockchain est-elle importante ? Donner du sens au TPS, à la finalité et à l’évolutivité
La vitesse des transactions de la blockchain est souvent avancée comme l’atout principal de nombreux nouveaux projets de cryptomonnaies. L’explication tient au fait que tout protocole de blockchain donné constitue la base sur laquelle un écosystème de services technologiques peut être proposé. Lorsqu’un protocole est efficace, il peut en principe offrir une suite plus robuste de services à la société.
La capacité à identifier le protocole de blockchain le plus efficace se traduit par un meilleur rendement pour les investisseurs et une viabilité à long terme pour les personnes qui souhaitent tirer parti d’une blockchain donnée. C’est la raison pour laquelle les projets de blockchain se livrent une constante concurrence pour être les plus efficaces afin de généraliser l’adoption de leur protocole.
Transactions par seconde (TPS), finalité et évolutivité : tels sont les termes habituellement utilisés pour parler de la vitesse d’un protocole. Mais, que signifient-ils et quelle est en la pertinence ? Poursuivez votre lecture pour pouvoir cerner le sens de ces termes et clarifier leur pertinence à la lumière du « trilemme des blockchains ».
Le trilemme des blockchains
Le trilemme des blockchains est un constat dressé par Vitalik Buterin, l’inventeur d’Ethereum, évoquant la difficulté que rencontre tout protocole blockchain à optimiser à la fois la décentralisation, l’évolutivité et la sécurité.
Le problème réside dans le fait qu’en optimisant l’une de ces caractéristiques, la qualité d’une ou plusieurs des deux autres devra en pâtir. Pour mettre en lumière les compromis du trilemme des blockchains, nous examinerons le TPS, l’évolutivité et la finalité par rapport au Bitcoin, à l’Ethereum et au Solana.
TPS, évolutivité et finalité
Le nombre de transactions qu’une blockchain peut traiter par seconde (TPS) est un concept simple. Si vous devez effectuer une transaction sur une blockchain donnée, il est préférable que cette opération se fasse rapidement. En effet, lorsque la limite TPS est atteinte, le trafic excessif entrave la vitesse du réseau.
Une comparaison courante consiste à savoir combien de transactions une blockchain peut traiter par rapport au réseau Visa. Ces chiffres sont des estimations approximatives, mais le réseau Visa traite environ 2 000 transactions par seconde et peut en théorie en traiter beaucoup plus. En revanche, le Bitcoin n’en traite qu’environ quatre par seconde, l’Etherum environ 20, et le Solana environ 2 000. Le Solana peut théoriquement traiter jusqu’à 65 000 transactions par seconde.
L’idée d’évolutivité peut être trompeuse dans la mesure où elle semble intimement liée à celle de TPS. En toute logique, lorsque le protocole est capable de traiter plus de transactions, plus d’utilisateurs peuvent utiliser la chaîne simultanément, ce qui implique l’évolutivité. Concernant le trilemme des blockchains, le problème est que cet avantage s’accompagne de compromis.
À titre d’exemple, la plateforme Solana est sujette à des pannes, ce qui la rend moins fiable. L’Ethereum n’est pas sujet aux mêmes problèmes de disponibilité que le Solana, mais connaît un taux de TPS inférieur et de frais de gaz élevés. Le Bitcoin est le plus lent de tous, mais il est bien plus fiable et applique des frais de transaction raisonnables. Ainsi, lorsque vous pensez à l’évolutivité, vous ne devez pas perdre de vue le risque que vous prenez en participant à une plateforme moins fiable.
La finalité renvoie au temps qu’il faut à une blockchain pour confirmer une transaction avec les autres nœuds du réseau, et à la fiabilité avec laquelle ces transactions ne peuvent pas être modifiées après leur réalisation. Le taux de finalité est lié au TPS d’une blockchain (cela signifie que le Bitcoin a une finalité plus lente), et est communément appelé « immuabilité » d’un réseau. La finalité est moins importante dans notre présente discussion, mais demeure importante en tant que caractéristique de sécurité de toute cryptomonnaie.
Qu’en est-il de la Couche 2 ?
« La Couche 2 » renvoie aux cadres secondaires qui sont construits au-dessus des réseaux blockchain existants pour résoudre les problèmes de vitesse et d’évolutivité. L’Ethereum possède de nombreuses Couches 2, comme Polygon, qui sont des protocoles de blockchain servant à réduire la charge de travail sur la blockchain principale d’Ethereum (et à éviter les frais de gaz).
Le Bitcoin possède également une Couche 2 connue sous le nom de réseau Lightning. Le réseau Lightning est différent dans le sens où il ne s’agit pas d’une technologie de blockchain, mais d’une couche logicielle secondaire intelligente qui optimise la facilité d’utilisation directe de Bitcoin. Dans les faits, le réseau Lightning de Bitcoin est capable de gérer beaucoup plus de transactions que le Solana ! Jetez un œil à ce tweet d’Adam Black, de Blockstream, en mars, qui met l’accent sur l’efficacité du réseau Lightning.
La Couche 2 élimine la nécessité d’augmenter la chaîne de base (principale) d’un réseau blockchain. Elle préserve la sécurité de la chaîne principale qui, à l’image de la construction d’une maison, peut garantir que l’intégrité de l’ensemble du réseau repose sur des bases solides.
Pour l’heure, le Solana ne dispose pas d’un écosystème de Couche 2, car il met un accent particulier sur la manière d’optimiser la vitesse de son réseau. Cependant, cette optimisation s’est faite au détriment d’une fondation moins fiable que celle du Bitcoin et de l’Ethereum, ce qui en compromet l’évolutivité globale. Cela ne veut pas dire que le Solana n’est pas évolutif, mais qu’il sera probablement limité par une base de départ qu’aucune Couche 2 ne pourra améliorer.
Le compromis
Le Bitcoin, l’Ethereum et le Solana ont des finalités différentes dans le monde des cryptomonnaies. Le Bitcoin a pour but d’améliorer la norme monétaire mondiale, ce qui nécessite un réseau plus décentralisé et sécurisé.
L’Ethereum et le Solana visent quant à eux des objectifs plus commerciaux, en offrant une meilleure flexibilité pour résoudre les problèmes de décentralisation ou de fiabilité du réseau. Si le Bitcoin possède les bases les plus sûres, le réseau Lightning ne s’adapte pourtant pas mieux à la mise en place d’une infrastructure Web3 à long terme.
La Couche 2 Polygon d’Ethereum convient bien au développement de jeux vidéo impliquant de la cryptomonnaie, mais le TPS élevé du Solana peut s’avérer supérieur pour gérer les jeux qui nécessitent des milliers de transactions en une session donnée.
Quelle que soit la cryptomonnaie que vous mettez en avant, la question de sa vitesse est au bout du compte une préoccupation relative au besoin qu’elle comble.
En matière de création d’une nouvelle norme monétaire, le Bitcoin est pratiquement sans équivalent.
L’Ethereum demeure dominant en tant que protocole pour appliquer la technologie blockchain à la résolution d’une grande variété de problèmes. Le Solana ne vas sans doute pas « tuer l’Ethereum », mais il peut atteindre une évolutivité à long terme en remplissant les fonctions auxquelles l’ Ethereum ne peut pas répondre.
Si la vitesse d’une blockchain vous préoccupe, gardez à l’esprit le tableau d’ensemble, tout en précisant vos besoins spécifiques.